Face aux enjeux climatiques à quoi ressemblera l’industrie /
Dans le futur, les avions voleront-ils à l’électricité, à l’hydrogène ou à l’huile de cuisson et à quoi ressembleront-ils ? Et d’ailleurs, utiliserons-nous toujours autant l’avion pour nos déplacements ?
Rencontre avec Thierry Dubois, journaliste
Bonjour M. Dubois, quel est votre regard sur l’aviation du futur ?
Je pense qu’il va y avoir une pression de plus en plus forte de la part de la société et des usagers pour que l’industrie aéronautique réduise les rejets de gaz à effet de serre. En ce qui concerne les technologies, il existe plusieurs pistes : l’hydrogène est bien avancé avec Airbus, on développe aussi des carburants durables pour l’aviation en utilisant les déchets de l’agriculture ou de la sylviculture. Ces deux solutions ont l’avantage d’engendrer peu de modifications sur les moteurs et le design général des avions. L’industrie aéronautique réfléchit aussi à remplacer les moteurs thermiques par des moteurs électriques mais ces moteurs peuvent s’avérer trop lourds pour l’aviation.
Quel est selon vous le projet le plus avancé ?
Le projet européen d’Airbus avec l’hydrogène. C’est le plus avancé techniquement mais le développement se poursuit. Il existe aussi le projet Clean Aviation de l’Union européenne mené par la France, l’Allemagne mais également des entreprises et des universités. Ce projet porte sur la recherche technologique et doit permettre d’avancer aussi sur la maîtrise de l’hydrogène. La recherche sur les carburants durables est également avancée mais les structures sont balbutiantes et ce n’est pas le projet le plus viable en raison des quantités de combustible nécessaires.
Et en ce qui concerne les recherches sur le design des futurs avions ?
En design, les projets d’ailes volantes sont les plus anciens notamment chez Boeing et Airbus. Ce sont des modèles beaucoup plus aérodynamiques avec une propulsion répartie qui utilisent une bien meilleure surface pour l’écoulement de l’air. Ils sont très économes en carburant mais plus difficiles et plus chers à construire. L’intérieur de l’avion pourrait ressembler à une grande salle de cinéma, les voyageurs seraient alors très loin des hublots. Cela aura donc une influence sur le voyage et les sensations des passagers.
Quelles sont les limites de ces projets ?
En 2035 les technologies de l’hydrogène comme carburant seront prêtes. Mais qu’en sera-t-il de la mise au point des appareils et plus encore des infrastructures ? Ce n’est pas du tout le même système pour remplir un réservoir ! Équiper tous les aéroports à l’échelle d’un continent par exemple prendra beaucoup, beaucoup de temps. Globalement face aux échéances climatiques comme les accords de Paris la mue de l’industrie est peut être trop tardive. L’aviation aura sans doute du mal à être dans les temps.
Quelles seront les conséquences pour les voyageurs ?
Dans le futur il pourrait y avoir deux situations pour les voyageurs. Voyager moins notamment pour des raisons éthiques et personnelles mais aussi car les prix des vols seront plus élevés (l’hydrogène est plus coûteux) ou avoir un nombre de voyages limités (quota). L’expérience du voyageur sera sans doute différente et il faudra être convaincu par les nouvelles technologies utilisées.