Premier athlète handisport à terminer le Vendée Globe/
Damien Seguin est arrivé à la septième place du Vendée Globe - 9e édition - Le skipper a prouvé que, même en situation de handicap, il est capable de faire aussi bien voire mieux que les valides. Ce grand sportif, qui connaît bien la région nazairienne, nous a accordé cette interview.
© Jean-Louis Carli
Quelles sont les grandes étapes de votre parcours de skipper pour devenir le champion que vous êtes aujourd’hui ?
Je citerai quatre grandes étapes. La première, c’est la découverte de la voile. J’ai commencé à en faire à l’âge de 10 ans en Guadeloupe, là où j’habitais. Ensuite il y eut l’intégration d’une structure de voile de haut niveau à l’École Nationale de Voile de Saint-Pierre-Quiberon en Bretagne, en 1998. Après mes quatre participations aux Jeux paralympiques, trois médailles en or et une en argent ; 2004 Athènes, 2008 Pékin, 2012 Londres et 2016 Rio. Et pour finir, il y a mes débuts avec la course au large en 2006, la Route du Rhum en 2018 et la dernière en date le Vendée Globe en 2020.
Qu’est-ce qui fait un champion comme vous, en terme de motivations ?
La motivation, je la trouve au niveau sportif parce que j’aime bien me confronter aux autres que ce soit en olympisme ou pour la course au large. On est sur des parcours extraordinaires, sur des machines énormes. Il y a un aspect aventure et défi qui vient s’ajouter à la compétition.
Comment définiriez-vous votre rapport à l’océan ?
Un rapport avec beaucoup d’humilité parce qu’on a beau avoir des gros bateaux, très performants, quand on est au milieu de l’océan on est tout petit. Quand les éléments se déchaînent, avec un vent fort, des vagues très grosses, on se rend compte que la nature est plus forte que nous. Le rapport est donc assez inégal, on compose avec l’environnement, mais jamais on ne le dompte.
© Jean-Louis Carli
« Je vais continuer à vivre ma passion du mieux possible avec les valeurs associées autour du handicap »
Comment devient-on le premier participant handisport du Vendée Globe challenge ? Votre inscription a-t-elle nécessité une validation spécifique ?
Sur le Vendée Globe non, mais si je reviens un peu en arrière ça a posé un certain nombre de problèmes au début des années 2000. J’ai dû prouver un peu plus que les autres que j’étais capable de faire ce métier-la et ça c’était vraiment dû à mon handicap et à la vision que les organisateurs de courses pouvaient en avoir. Donc voilà, ça a forcément été un peu plus compliqué qu’une personne valide. Là, avec le Vendée Globe, où j’ai fini à une bonne place, j’ai prouvé au-delà de moi qu’une personne en situation de handicap pouvait aspirer à réaliser les mêmes défis sportifs qu’une personne valide.
Vous êtes revenu sur terre après trois mois en mer, quel est votre prochain projet ?
Le prochain projet, c’est de refaire un Vendée Globe en 2024. Le projet sera un peu plus performant avec un bateau un peu plus récent, équipé avec des foils notamment, des appendices qui permettent de faire voler le bateau. D’ici 2024, il y aura une Transat Jacques‑Vabre en 2021, une Route du Rhum 2022 et de nouveau une Transat Jacques-Vabre en 2023 et après bien sûr il y a d’autres courses mais voici les principales.
Quel est votre plus beau souvenir du Vendée Globe, seul au milieu des océans ?
Mon plus beau souvenir, ça va être un souvenir extra-sportif. C’est ma rencontre avec les baleines, la veille de Noël. J’étais au milieu de l’océan Pacifique, au milieu de nulle part. Il y a eu deux baleines qui sont venues me voir pendant plus de cinq minutes. Ça a été une rencontre du 3e type. C’était un beau cadeau.
© Jean-Louis Carli
Nous avons vu que vous étiez parrain des associations (ESAT) Marie Moreau et le MarSOINS à Saint-Nazaire, est-ce toujours d’actualité ?
C’est toujours d’actualité. Je trouve un équilibre entre mon engagement au niveau sportif et mon engagement au niveau
d’associations ou de structures spécialisées. Voilà, ma façon de concevoir le sport de haut niveau, c’est aussi par ce partage-là.
Quel rôle pensez-vous jouer auprès de ces associations en tant qu’ambassadeur ?
Mon rôle permet de médiatiser ce qu’ils font, sachant que je leur rends visite régulièrement. Ça leur permet d’avoir un coup de
projecteur sur leurs actualités, sur mes actualités et ce sont des échanges très constructifs.
Comment se fait-il que vous soyez ambassadeur d’associations à Saint-Nazaire ?
J’ai habité pendant une petite dizaine d’années à Guérande. Mon bateau de course était amarré dans le port de Saint-Nazaire. J’y
ai des attaches et je connais beaucoup de monde dans le coin.