Nicksigo

Portrait d’un photographe/graphiste qui met sa ville en lumière

Nicksigo, de son vrai nom Nixon Mendy est un photographe et graphiste de 22 ans. Cet artiste, originaire du quartier de la Berthauderie, à Saint-Nazaire est un travailleur acharné. À travers ses photos, il souhaite mettre en valeur des sujets mais également des idées. Après une exposition photo à La Source et une participation au concours France 3 « Filme ton quartier » découvrons le parcours de cet artiste, ses inspirations, ses désirs et ses nouveaux projets…

« Beaucoup n’ont pas eu le choix, beaucoup d’autres ne l’auront pas non plus. Mais vivons tout moment dans nos quartiers comme une récompense »

« Après une année scolaire de trop,
j’ai décidé de tout plaquer pour faire ce que j’aime »

Son parcours

À 15 ans, Nicksigo avait du mal à l’école, il ne s’y retrouvait pas : « je pense que j’étais trop jeune ». Encore au collège, il intègre un cursus pour les jeunes en situation de décrochage scolaire. Par la suite, il se voit orienté en Bac Professionnel chaudronnerie au lycée Brossaud-Blancho de Saint-Nazaire. En cours de deuxième année, l’adolescent se posait encore des questions sur son avenir.

C’est à partir de là qu’il a commencé à sécher les cours, pour faire du design chez lui. Nicksigo n’allait plus qu’en cours d’Arts Plastique et en EPS, ses deux matières préférées. Les notes ont chuté et l’ont finalement empêché d’obtenir son diplôme. « Il fallait que j’en arrive là, à vraiment devoir faire un choix « imposé » ».

Cet échec est vu par Nicksigo comme une révélation, une opportunité de pouvoir enfin se consacrer à sa passion.

Ses vocations

« À 14 ans, j’ai téléchargé Photoshop, j’ai regardé des tutos et j’ai appris comme ça ». Nicksigo a continué par la suite dans le graphisme pour faire des marques et s’exercer comme il pouvait.

Après s’être servi de nombreuses images sur internet, il s’est rendu compte que les photos étaient importantes dans le métier de graphiste. C’est ainsi que l’artiste raconte de façon nostalgique, comment il s’est lancé : « avec ma garantie jeune, j’ai directement acheté mon premier appareil photo, un Canon 1300D ».

Sa plus grande fierté

Sa première exposition à La Source, en janvier 2019 fut pour lui, incroyable. « Voir tout le monde réuni autour de cette vibe’, ça m’a rendu fier ». Cette exhibition cherchait à souligner « Les préjugés sur les jeunes de quartier » et fut très remarqué par la communauté nazairienne.

Ses photos sont toujours accompagnées d’un message de fond et cherchent à transmettre des valeurs. « Quand je photographie, je vois automatiquement un texte lié à la photo, ça fait partie de moi ».

« Aux armes citoyens, pourtant peu de moyens où je me situe »
« On travail jusqu’à en suer, croiser le bonheur et ne faire qu’un comme les bandeaux de la Suède »

Sa façon de travailler

Après un stage en agence de communication, il s’est aperçu qu’il ne voulait pas rester dans un bureau toute une journée.

Il a commencé comme beaucoup, à prendre des clichés de son côté, à publier sur Instagram son travail. « Au fur et à mesure les gens aiment tes photos, tu fais des collab’, puis après tu te rends compte que ce sont des pros et que t’es obligé de monter un statut d’autoentrepreneur ». La suite se fait de bouche à oreille, comme le dit si bien Nicksigo : « tu continues de rester sur ta ligne et tu roules autant que tu peux ».

Concernant le domaine dans lequel il travaille, il n’en a pas. Bien que nombreuses de ses parutions sous entendent une influence de la culture urbaine, Nicksigo reste ouvert à d’autres sphères « on est nés dans la culture urbaine mais on ne peut pas rester sur ses acquis ». Ce qui anime véritablement cet artiste, c’est la passion qui émane des personnes avec qui il travaille.

Sa participation au concours « Filme ton quartier »

Cette année, Nicksigo a participé au concours France 3 « Filme ton quartier ». Il avait déjà voulu tenter l’expérience l’année précédente mais ne se sentait pas prêt à exposer son travail, pour lui « il n’avait pas assez de recul ». Malheureusement, il ne fut pas présélectionné parmi la multitude de participants. En homme fair-play, il dira « c’est le jeu, on ne peut pas toujours gagner, une prochaine fois ».

Ses projets, ses ambitions

 « Je souhaite porter un message positif pour que tout le monde s’y retrouve. Un beau message ça fait toujours plaisir ».

Nicksigo veut par son travail permettre à des jeunes de s’élever, leur donner envie de faire de grandes choses. Son prochain projet viserait d’ailleurs à améliorer la qualité de vie de son quartier, La Berthauderie. Aux abords du city stade, une route assez dangereuse, le ballon s’y retrouve souvent et par miracle aucun accident pour le moment. Le photographe désire, avec la ville mettre en place un mobilier urbain qui puisse limiter ce risque. Ayant envie de mêler l’utile à l’agréable, il souhaite y réaliser avec des agences de grapheurs, une fresque afin de rendre cet espace accessible à tous, sportifs ou amateurs d’arts.

En parallèle, Nicksigo développe sa marque de vêtement, Weist. Pour lui, il s’agissait de montrer ses talents de graphiste mélangés à ceux de photographe. L’artiste se sent prêt et veut absolument tenter l’aventure. « Avant je me sentais en retard sur ma vie, aujourd’hui je me sens aligné.»

« Les premières expériences d’une vie peuvent s’adresser longues et incompréhensibles. En bas de chez nous , le discours tourne autour du fait qu’il faut se faire violence pour savoir ce qui est possible »
« On règle pas les problèmes en trouvant des coupables, mais des solutions. Les fachos cassent la chaîne sociale en jugeant le HLM de leurs pavillons »

Sa vision de la jeunesse à Saint-Nazaire 

Selon Nicksigo, il y a un véritable fossé entre la réalité et la vie politique de la ville en matière de jeunesse. Il trouve dommage que cette dernière ne favorise pas assez le local et n’invite pas les jeunes à rester à Saint-Nazaire. À son sens, beaucoup baissent les bras en voyant les portes se fermer : « on ne veut pas devenir Nantes mais on a internet, on voit ce qui se fait de bien ailleurs et nous aussi on veut montrer qu’on peut innover ».

« Nos parents nous disent : « Regarde ! Ici on construit les plus gros paquebots de monde » mais nous, les jeunes, on ne veut pas que construire des paquebots ».

Pour lui, ce serait beau de solliciter tous les habitants de Saint-Nazaire, essayer de faire des choses ensemble et faire preuve de cohésion. « Il faut motiver les gens à faire quelque chose, il faut produire et reproduire pour faire mieux chaque jour ».

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Interview et article : Yohan Ferré