échange intergénérationnel sur la situation sanitaire/
Bonjour, c’est encore nous la classe de 1ATMFC du lycée Brossaud-Blancho de Saint-Nazaire ! Tu te rappelles, nous avions déjà écrit un article (Au cœur des Ehpad) pour le numéro précédent du magazine. Nous y parlions de la vie des personnels durant la période du Covid-19 (dans les établissements d’hébergement et de soins). Nous revenons aujourd’hui avec une interview menée auprès de personnes âgées pour connaître leurs points de vue et leurs ressentis sur la période actuelle. Nous avons également souhaité présenter quelques différences entre les générations afin de mieux nous connaître et échanger avec un portrait chinois croisé qui clôture notre dossier.
L’interview Ressenti/Point de vue sur la Covid-19
de Gilberte et Jean (à domicile, 89 et 91 ans)
© Fabien Guillet
Est-ce que cette pandémie est venue bouleverser vos habitudes ?
Gilberte : Non, on se sent comme d’habitude mais je dirais un petit peu quand même. Par rapport à la famille. On se voit moins peut-être, surtout la famille éloignée. Ça ne change pas grand-chose sinon.
Jean : Tant qu’on reste ici ça ne change rien.
Gilberte : Ça nous change par rapport au club, puisqu’on allait au club le jeudi, il y avait de la belotte, moi je jouais au scrabble. Ça, ça me manque, le contact avec les autres quoi. Aussi, j’aimerais bien aller au restaurant. Personnellement que les restaurants soient fermés ça m’embête.
Jean : Sinon et sauf pour notre famille cette pandémie ne nous a pas inquiétés, on a toujours été entourés.
Gilberte : En général, on est plus préoccupés par nos problèmes de santé et c’est surtout ça qui nous bride. Même si on voit moins les gens, on vit déjà plutôt en vase clos, à part le club on n’a pas vraiment de contacts avec l’extérieur. Au club on voyait des gens, c’était l’occasion de se rencontrer, d’avoir des nouvelles des unes et des autres, on passait un moment agréable.
Quel est votre regard sur le vaccin ?
Jean : Complètement différent ! Moi je suis pour, je suis vacciné d’ailleurs.
Gilberte : moi je ne veux pas me faire vacciner.
Jean : j’ai été un des premiers, j’ai eu les deux injections. Ça s’est très bien passé. Pas d’effets secondaires.
Gilberte : Moi à mon âge je trouve que ça n’en vaut pas la peine, avec mes problèmes de santé …
Jean : Tu n’as pas réfléchi aux conséquences …
Gilberte : Mais si ! Pourquoi tu dis ça ! J’ai réfléchi bien sûr ! Ce n’est pas comme ça, une lubie… J’espère simplement que si j’ai le Covid, vu mon état général, je ne souffrirai pas trop, que je mourrai rapidement.
Jean : Le covid ne va pas t’enlever les souffrances, il va les accentuer.
Gilberte : On se voit, on ne s’embrasse pas, on garde les distances… Les bisous, je ne cours pas après (rires)… à part les petits qu’on aime bien embrasser.
Avez-vous un message à faire passer aux gens ?
Gilberte : D’être plus attentifs les uns aux autres, d’être moins égoïstes, que les contacts soient plus amicaux. De ne pas envier ceux qui ont plus.
L’interview Ressenti/Point de vue sur la Covid-19
de Joëlle, Janine et Joseph (Maepa Camille-Claudel, Trignac 82, 92 et 87 ans)
© La Maepa Camille-Claudel à Trignac
Est-ce que cette pandémie est venue bouleverser vos habitudes ?
Janine : Ça ne change pas grand-chose, je ne sors pas de la maison. On s’ennuie un petit peu et on n’est plus libres comme on l’était.
Joëlle : L’impression d’être à l’écart de tout, des commerces. On n’a plus de vie familiale. On essaye de ne pas trop y penser. Durant le confinement, il y a eu l’arrêt de la boutique. C’était un petit magasin qu’on m’avait confié, il y avait du shampoing, des petites choses. Le confinement est venu tout arrêter.
Joseph : Je suis heureux d’être ici, à la Maepa. Parce qu’on est bien entouré, tout le monde est bien sympathique. Je me considère presque en famille et je suis dans un sens content d’être ici car je me sens protégé de l’extérieur. Tout en étant enfermés, on se sent libres. Après je regrette quand même, comme beaucoup de personnes ici la solitude de cette période, des personnes seules qui ne peuvent pas voir leur famille aisément ou sur un laps de temps plus court. Ça doit être dur. En ce qui me concerne, je suis avec ma femme donc c’est moins difficile. En revanche pendant le confinement vu que nous n’étions pas au même étage c’était plus difficile de se voir. Il fallait montrer patte blanche, s’équiper, donc ça a été une période dure mais d’un autre côté cette période m’a aussi permis de réfléchir sur moi-même et sur ma vie. Comme j’aime bien écrire, j’ai commencé à griffonner mon autobiographie. Sinon je prenais une pensée au hasard et j’essayais de développer cette pensée le plus loin possible.
Quel est votre regard sur le vaccin ?
Joseph : J’ai dit non. Nous nous sommes concertés avec ma femme et on a pris la même décision, c’est non. Généralement je suis anti-vaccin, je pense aussi que les vaccins devraient surtout servir aux soignants, aux personnels médicaux, aux personnes qui s’occupent des gens.
Janine : Et bien moi je suis pour, il faut se soigner, on n’a pas envie d’attraper quelque chose qu’on pourrait éviter. Si on se fait vacciner, c’est bien pour quelque chose.
Avez-vous un message à faire passer aux gens ?
Joëlle : Qu’ils suivent les directives qu’on nous donne et advienne que pourra.
Joseph : Pour moi, je dirais qu’une chose qui me réjouit c’est que, sous toutes réserves, il est prévu que les Ehpad puissent rouvrir. J’espère également que de l’argent sera investi pour construire d’autres Ehpad et d’autres hôpitaux, parce que la situation à l’hôpital n’est pas tenable, négliger des gens en traitement en raison du Covid. Je regrette aussi pour la jeunesse, j’ai été jeune, j’ai été libre, on ne s’inquiétait pas du virus. Par contre, je demande à la jeunesse de bien respecter les gestes barrières, il faut surtout ne pas prendre les choses à la légère. Ce que je regrette aussi pour ces jeunes c’est l’impact sur les études, ils sont pénalisés. Ils peuvent moins travailler pour financer leurs études, c’est plus difficile de profiter de la vie. On espère aussi que les choses reprennent vite comme avant, que ce virus disparaisse pour que les jeunes puissent se lancer correctement dans la vie, qu’ils puissent s’exprimer et faire tout ce qu’ils ont envie de faire.