Mohammed Badra, photojournaliste/
Mohammed Badra est né en 1990 à Douma, une banlieue à l’Est de Damas en Syrie. Il est en licence d’architecture quand la guerre s’aggrave en 2012. Comme il nous l’explique assez vite, la Syrie est un pays gangréné par la violence, notamment au sein de son système éducatif.
©David Daunis
Mohammed Badra n’a pas véritablement choisi d’être photographe de guerre. Il a été guidé par l’urgence et la volonté de témoigner. Il voulait rendre visible la souffrance de ses concitoyens et particulièrement des plus jeunes dans une guerre civile qui ne se termine pas. Il nous explique qu’il souhaitait aussi conserver cette normalité, cette rigueur, cette humanité au sein d’un quotidien bouleversé par la guerre. Son travail et son intervention nous ont beaucoup marqués. Nous avons le sentiment d’avoir gagné en maturité, en ouverture d’esprit sur le monde et sur les drames humains de la guerre. Cette rencontre résulte de l’opération nationale Renvoyé spéciale organisée par le CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information) et la Maison des Journalistes depuis 2006. L’objectif principal de cette opération est de sensibiliser les lycéens à la liberté d’expression et à la liberté de la presse par la rencontre avec un.e journaliste réfugié.e politique en France.
Photographie de Mohammed Badra, 8 December 2012 - Douma/Syria
Le regard de Driss,
16 ans
Cette photo représente une ville détruite en raison de la guerre en Syrie. On peut voir un bâtiment en ruine sur la gauche et des personnes qui passent dans la rue. Cette photo est choquante, elle peut heurter, on comprend immédiatement que ces gens ont besoin d’aide, qu’il doit être très difficile de se nourrir par exemple. En étudiant le travail de Mohammed j’ai compris qu’il existait des mondes différents. Le notre où l’on vit paisiblement et celui de la Syrie où les habitants manquent de tout. Faire ce constat a été un choc pour moi. Cette rencontre m’a intéressé, elle m’a permis d’en apprendre un peu plus sur la guerre, sur Mohammed, sur ce qu’il a ressenti, sur sa vision de cette guerre, comment il l’a vécue. Cette photo illustre ce désastre, cela devait être presque impossible de vivre, de rester en famille.
Le regard de Lucien,
16 ans
Cette photographie représente très bien les conséquences de la guerre en Syrie. Elle nous montre des bâtiments en ruine, un paysage dans lequel doivent vivre les habitants de ce pays tous les jours. On se dit que c’est terrible. J’espère que cette guerre prendra bientôt fin. Il s’agit de la première photographie prise et partagée par Mohammed Badra durant le conflit. Je retiens de cet entretien qu’un photographe est toujours subjectif dans son travail. J’ai été frappé par le destin de Mohammed, face aux pressions du pouvoir syrien celui-ci a refusé de dire que ses photos étaient truquées et il a du s’enfuir de son pays.